Dossier irrigation - Avis d'expert « Maintenir le rendement avec 15 % d’économie d’eau »
La chambre d’agriculture de la Somme a mené des essais autour de l’irrigation de cultures de pommes de terre. Le premier axe de recherche portait sur le matériel employé, en comparant les systèmes habituels par aspersion avec un dispositif de goutte-à-goutte. Le second axe reposait sur l’étude de la réaction de deux variétés face au stress hydrique subi à différents stades de croissance.
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« Nos essais ont porté sur deux thématiques. La première concerne le choix du matériel utilisé pour l’irrigation. Sur une culture de pommes de terre, nous avons comparé deux systèmes par aspersion, un enrouleur avec canon et une rampe, avec un dispositif de goutte-839465à-goutte selon trois installations : en sommet de butte, en fond de butte et sur un faux-billon. L’irrigation en goutte-à-goutte limite la perte de rendement lors de la réduction de la quantité d’eau, par rapport à l’arrosage par aspersion. Parmi les trois modalités en goutte-à-goutte, le système le plus performant est celui qui est placé en sommet de butte. Nous avons maintenu le potentiel de rendement avec une économie d’eau de l’ordre de 15 %. Lors de cet essai, nous n’avons pas pu mettre en avant une supériorité de la rampe sur le canon en matière d’efficience d’irrigation. La qualité de la répartition de l’apport, mesurée à l’aide de pluviomètres, reste toutefois supérieure pour la rampe. Du point de vue économique, le goutte-à-goutte en sommet de butte n’est pas encore intéressant face à l’irrigation par canon. En revanche, ce système autorise l’apport d’azote dans l’eau d’arrosage. Nous avons tenté de réduire cet apport d'azote à la plantation et de compenser avec la fertigation en cours de croissance, et nous avons observé une augmentation significative du rendement. En combinaison avec une ferti-pompe, le goutte-à-goutte devient alors économiquement plus intéressant que le canon. Il demande de la main-d’œuvre en début et en fin de cycle, alors que les autres solutions nécessitent d’y passer du temps à chaque apport d’eau. Finalement, le temps passé à poser et à retirer le goutte-à-goutte se compense partiellement par le gain de temps pendant le cycle cultural. »
Adapter la stratégie d’irrigation à la variété
« La seconde thématique de notre travail portait sur la solution visant à autoriser certaines périodes de stress hydrique pendant le cycle cultural afin d’économiser de l’eau tout en limitant l’impact sur le rendement. Nous avons comparé quatre stratégies d’irrigation : une conduite de référence en confort hydrique ; une deuxième, limitante, en réduisant les apports sur tout le cycle ; une troisième favorisant les apports en début du cycle et une quatrième privilégiant l’arrosage sur la fin du cycle. Nous avons conduit ces essais sur deux variétés de pommes de terre : l'agria, sensible au stress hydrique, et la melody, plus tolérante. Cette seconde variété s’est avérée plus stable en matière de rendement, quelle que soit la stratégie d’irrigation. La variété sensible a été plus fortement impactée par le manque d’eau. Ceci indique qu’il ne faut pas négliger le potentiel variétal. Le bon choix de variété sera crucial face au manque d’eau. Pour cette variété tolérante, nous avons aussi appris que la réduction de l’apport d’eau en fin de cycle n’a pas eu de conséquence sur le rendement, alors que 50 mm d’eau ont pu être économisés par rapport à la conduite de référence. Aujourd’hui, le niveau de tolérance au stress hydrique des différentes variétés est encore peu connu et peu documenté. De nouveaux essais sont prévus cette année pour caractériser le comportement de plusieurs autres variétés face à ces différentes stratégies d’irrigation. »
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